Fantômas démasqué

Quel étrange phénomène que Fantômas ! Pour beaucoup, le personnage masqué évoque les films d’André Hunebelle au mitant des années 60, avec Jean Marais, Louis de Funès et Mylène Demongeot. Véritables madeleines de Proust cinématographiques, souvenirs d’enfance inoubliables, ces films sont entrés dans la mémoire collective nationale et dans le patrimoine du cinéma français, en particulier grâce aux facéties d’un Louis de Funès survolté dont la carrière décolla avec l’énorme succès de cette trilogie. Ce n’est pourtant pas aussi simple. Et le premier à le rappeler, dès 1968, c’est Marcel Allain. Marcel Allain, inventeur avec Pierre Souvestre du personnage, s’étouffe en voyant les films, attaque les producteurs et gagne son procès. Allain s’en explique : Fantômas, le vrai, est sombre, dur, mauvais. C’est un tueur et un voleur sans foi ni loi, qui plonge la bonne société dans l’effroi avec ses bandes d’apaches qu’il tient en quasi esclavage. Fantômas n’est pas bleu, il est noir. Il n’est pas drôle, il est terrifiant. Il n’est pas menacé par la police puisque c’est lui qui la menace. Il ne s’adresse pas aux enfants mais aux adultes. Il n’est pas le faire-valoir du commissaire Juve puisque c’est lui le véritable héros.